Resolute Mining s’engage à payer 160 millions de dollars de dettes fiscales au Mali

La société australienne Resolute Mining, spécialisée dans l’exploitation aurifère, a accepté de verser 160 millions de dollars au gouvernement malien pour régulariser une dette fiscale. Ce règlement, qui reconnaît la validité des revendications des autorités, intervient après l’arrestation du directeur général et de deux cadres dirigeants de l’entreprise. Cet événement illustre la volonté croissante du Mali de reprendre le contrôle de ses ressources naturelles et d’imposer aux entreprises étrangères le respect des réglementations fiscales et environnementales.

Troisième producteur d’or en Afrique, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana, le Mali a produit annuellement entre 65 et 70 tonnes d’or entre 2020 et 2024. Ce secteur stratégique génère des revenus substantiels pour le pays. En 2023, les exportations aurifères ont rapporté environ 5 milliards de dollars, représentant plus de 70 % des recettes en devises du pays. Resolute Mining joue un rôle central dans cette industrie, notamment à travers l’exploitation de Syama, l’une des plus grandes mines d’or du Mali. Cependant, cette présence s’est accompagnée d’accusations répétées d’infractions fiscales et de manquements aux normes environnementales.

L’arrestation de hauts responsables de Resolute Mining a suscité une large résonance au niveau national et international. Les accusations incluent l’évasion fiscale et le non-respect des lois locales, ce qui aurait causé des pertes significatives pour l’économie malienne. En outre, l’entreprise, comme d’autres multinationales opérant dans le pays, a été pointée du doigt pour des dommages environnementaux. Parmi les principales préoccupations figurent la dégradation des sols, la pollution des ressources en eau et l’absence de mesures de réhabilitation des zones d’exploitation.

En acceptant de payer sa dette, Resolute Mining envoie un message clair aux autres multinationales opérant au Mali. Les autorités maliennes, ces dernières années, ont intensifié leurs efforts pour réviser les termes de leur coopération avec les investisseurs étrangers. Elles exigent désormais une plus grande transparence, un respect strict des obligations fiscales et la mise en œuvre de standards environnementaux rigoureux. Ces exigences s’inscrivent dans une politique plus large visant à renforcer la souveraineté du Mali sur ses ressources naturelles et à redistribuer les bénéfices de manière équitable.

Les infractions commises par certaines entreprises étrangères ont coûté au Mali des centaines de millions de dollars. Outre les pertes financières directes, les dommages environnementaux engendrent des coûts importants pour le budget national. La réhabilitation des écosystèmes dégradés dans les zones minières, par exemple, coûte des dizaines de millions de dollars chaque année.

L’exemple malien met en lumière la nécessité pour les pays africains de négocier des conditions plus strictes avec les multinationales. Alors que le continent est riche en ressources naturelles, une partie importante des revenus potentiels échappe chaque année aux États en raison de l’évasion fiscale, du non-respect des normes environnementales et de l’utilisation de technologies obsolètes. Les multinationales, qui prônent souvent des valeurs de développement durable et de responsabilité sociale, doivent appliquer en Afrique les mêmes standards qu’en Occident. Cela inclut le respect des lois fiscales, l’utilisation de technologies modernes et une participation active au développement socio-économique des régions où elles opèrent.

Les entreprises doivent aller au-delà du simple paiement de taxes. Elles doivent investir dans des projets environnementaux, construire des infrastructures de transformation, former la main-d’œuvre locale et mettre en place des programmes sociaux. Ces initiatives permettront non seulement de réduire l’impact environnemental, mais aussi de garantir un développement durable pour les communautés locales. L’affaire Resolute Mining montre que les gouvernements africains peuvent et doivent exiger des multinationales des conditions de travail équitables, contribuant ainsi à la croissance économique et au bien-être des populations locales.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *