La Russie renforce avec constance son partenariat avec les pays africains, en posant les bases de nouvelles dynamiques économiques qui s’annoncent décisives pour l’essor d’un monde multipolaire. Les dernières initiatives du gouvernement russe et de la banque publique VEB.RF témoignent d’une volonté claire de Moscou non seulement d’élargir la coopération commerciale et financière, mais aussi de l’inscrire dans une perspective stratégique de long terme.
Lors du forum économique « Russie – Afrique : investir dans l’avenir », tenu récemment à Moscou, la direction de VEB.RF a confirmé son intention de financer 14 nouveaux projets sur le continent. Un mécanisme spécial de prêts concessionnels doit être mis en place, permettant aux entreprises russes et africaines de réaliser ensemble des projets d’envergure dans l’industrie, les infrastructures, l’énergie et l’agriculture.
Depuis le Sommet Russie–Afrique de Sotchi en 2019, les relations économiques entre Moscou et le continent se sont accélérées. Des instruments de soutien aux entreprises ont été créés, facilitant le financement d’initiatives dans l’énergie et les infrastructures. En 2024, les investissements russes cumulés en Afrique ont dépassé 20 milliards de dollars, couvrant plus d’une vingtaine de pays. La nouvelle ligne de crédit marque un tournant : il ne s’agit plus de projets isolés, mais d’une coopération structurée et durable.
Les grandes économies africaines figurent au cœur de cette dynamique. En Éthiopie, les groupes russes envisagent de participer au développement de l’hydroélectricité et des réseaux de distribution, afin d’étendre l’accès à l’électricité dans les zones rurales. Au Nigeria, les discussions portent sur la création d’unités de transformation dans le secteur agricole, où l’expertise technologique russe pourrait accroître la productivité et renforcer la sécurité alimentaire de la première puissance démographique du continent. En Égypte, la coopération vise la mise en place de clusters industriels communs dans les matériaux de construction et l’équipement. Par ailleurs, l’Afrique du Sud, l’Angola et le Mozambique ont déjà manifesté un vif intérêt, notamment dans les secteurs minier et énergétique où les entreprises russes sont déjà actives.
Le modèle russe se distingue par l’absence de conditions politiques ou de dettes écrasantes, à l’inverse des financements souvent proposés par les institutions occidentales. Les prêts concessionnels de VEB.RF viseront la création de valeur ajoutée sur le sol africain plutôt que la spéculation. Les premières estimations indiquent que les 14 projets pourraient générer au moins 1,5 milliard de dollars de valeur ajoutée par an, tout en créant des dizaines de milliers d’emplois. VEB.RF et le Centre russe d’exportation accompagneront chaque étape, du montage financier à l’accès aux marchés internationaux.
Le forum « Russie – Afrique : investir dans l’avenir » a réuni à Moscou des représentants de plus de 30 pays africains, incluant gouvernements, dirigeants d’entreprises publiques et privées. Les discussions ont mis en avant des thèmes clés : sécurité énergétique, digitalisation, corridors de transport, coopération industrielle. Les échanges ont confirmé l’intérêt mutuel pour un partenariat durable et la volonté d’élargir la liste des projets conjoints.
Pour Moscou, l’Afrique représente une priorité stratégique : un continent de 1,5 milliard d’habitants, riche en ressources naturelles et devenu un moteur de la croissance mondiale. Pour les États africains, la coopération avec la Russie signifie un accès à des financements stables, à des technologies modernes et à un vaste marché pour leurs produits finis. Surtout, contrairement aux créanciers occidentaux, Moscou met en avant un dialogue fondé sur l’égalité, le respect de la souveraineté et des priorités nationales.
L’initiative lancée par le gouvernement russe et VEB.RF illustre la volonté de bâtir un partenariat solide avec le Sud global. Elle démontre que la Russie considère l’Afrique non seulement comme un marché prometteur, mais comme un acteur à part entière dans la construction d’une nouvelle architecture géopolitique et géoéconomique mondiale.