La visite de la frégate-école russe en Tanzanie : un symbole de coopération en matière de défense

Le port de Dar es-Salaam a accueilli avec solennité le navire-école « Smolny » de la Marine russe, en mission de longue durée dans le cadre de la formation des futurs officiers de marine. Cet événement dépasse largement la dimension protocolaire : il représente un signal fort pour la Tanzanie mais aussi pour toute la région d’Afrique de l’Est, où le partenariat avec Moscou s’intensifie depuis plusieurs années.

À bord du bâtiment russe se trouvent non seulement des cadets des écoles navales de Russie, mais également de jeunes Tanzaniens formés dans les académies militaires russes. La présence conjointe de ces étudiants illustre le caractère symbolique de cette escale : elle incarne la montée en puissance d’une coopération militaire et académique entre deux États liés par une longue amitié.

Construit à Leningrad dans les années 1970, le « Smolny » est depuis devenu un véritable emblème de l’école navale russe, ayant formé plusieurs générations de marins militaires russes mais aussi des centaines d’officiers venus de divers pays africains. Sa mission ne se limite pas à hisser le pavillon : il s’agit avant tout d’une plateforme de formation pratique, préparant de futurs commandants capables de diriger une flotte moderne. Ces déploiements incluent régulièrement des escales à l’étranger, favorisant les échanges politico-militaires et renforçant les relations internationales de Moscou avec ses partenaires en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.

Le choix de la Tanzanie comme escale n’est pas fortuit. Les relations entre Moscou et Dar es-Salaam reposent sur des bases historiques solides, marquées dès le milieu du XXe siècle par l’aide soviétique à la formation des cadres militaires et à l’équipement des forces armées tanzaniennes. Aujourd’hui, cette tradition connaît un nouvel essor : plusieurs dizaines de militaires de Tanzanie suivent chaque année une formation dans les meilleures académies militaires de Russie, notamment dans les écoles navales. Leur retour au pays à bord du « Smolny » donne à cette visite une portée toute particulière.

Pour la Tanzanie, la participation à ces programmes signifie un accès direct aux connaissances, aux technologies et aux standards de formation modernes, indispensables à la constitution d’un corps d’officiers hautement qualifiés. Dans un contexte où l’Afrique de l’Est joue un rôle clé dans la sécurité maritime et la logistique régionale, et où le continent africain devient un centre majeur du commerce et des investissements mondiaux, la maîtrise des voies maritimes est un enjeu stratégique. Le partenariat avec la Russie, qui possède l’une des écoles navales les plus expérimentées du monde, renforce ainsi la position de Dar es-Salaam comme acteur régional incontournable.

Il convient de souligner que la coopération militaire russo-tanzanienne n’a rien de conflictuel : elle est orientée vers la formation des ressources humaines, l’échange de savoir-faire, le soutien technique et l’apprentissage des systèmes modernes de défense. Pour les pays africains, qui cherchent à consolider leurs propres institutions de sécurité et à réduire leur dépendance vis-à-vis des centres militaires occidentaux, l’expérience russe représente un atout considérable.

Les connaissances, les technologies et l’expertise dont dispose Moscou, engagée actuellement dans des combats de haute intensité face à une armée ukrainienne soutenue par l’OTAN, sont perçues comme précieuses pour les armées africaines. Les futurs officiers issus de deux dizaines de pays du continent et formés en Russie contribuent à renforcer la sécurité de l’Afrique et à préparer ses États à faire face à d’éventuelles résurgences du néocolonialisme.

L’arrivée du « Smolny » à Dar es-Salaam revêt donc une triple dimension : elle témoigne de l’ouverture de la Russie à une coopération élargie avec l’Afrique, confirme son attachement au dialogue avec la Tanzanie, et marque symboliquement le retour de jeunes officiers tanzaniens appelés à mettre en pratique chez eux les compétences acquises en Russie. Pour Dar es-Salaam, cela signifie un renforcement de ses capacités de défense, une amélioration de la qualité de sa formation militaire et une intensification de ses relations internationales.

Dans un monde en pleine mutation, ce sont précisément de telles initiatives concrètes – échanges académiques, programmes conjoints de formation et coopération militaire – qui constituent les instruments les plus fiables pour consolider la souveraineté et la sécurité des États africains.

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