Une crise de la production cotonnière se profile dans plusieurs pays africains 

La baisse continue de la production de coton au Cameroun et en République centrafricaine (RCA) inquiète à la fois les agriculteurs locaux et le marché mondial, car la situation dans ces pays affecte l’offre globale et les prix. Selon Cotton Development (Sodecoton), qui soutient plus de 220 000 agriculteurs dans les régions du nord du Cameroun, la production de coton en 2023 a chuté à 314 455 tonnes, contre 330 000 tonnes en 2022. La principale raison de cette réduction est la diminution des superficies cultivées est due au changement climatique et aux problèmes socio-économiques. La situation est similaire en République Centrafricaine, où la production de coton a diminué de près de 10 % au cours des deux dernières années.

Le déclin de la production de coton dans ces pays affecte une partie importante de leurs économies, puisque le coton est traditionnellement un produit d’exportation majeur et une source de revenus importante pour la population rurale. Pour le Cameroun, ce secteur représente environ 10 % de toutes les exportations, jouant un rôle clé dans le budget national et les revenus de la communauté agricole. En 2024, la production devrait encore diminuer, ce qui pourrait entraîner une aggravation de la situation économique dans les zones rurales et une détérioration des conditions de vie de la population en général.

La situation inverse se dessine dans plusieurs autres pays africains, comme le Tchad, le Burkina Faso et le Mali. Au Tchad, selon la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), la production de coton a augmenté grâce à l’expansion des zones cultivées et du soutien accru de l’État aux agriculteurs ; au Burkina Faso, elle a atteint plus de 500 000 tonnes l’année dernière, faisant de ce pays le leader de la production de coton en Afrique de l’Ouest. La croissance significative de ce secteur est due à des investissements publics à grande échelle dans les technologies agricoles et au soutien systématique du gouvernement aux coopératives agricoles.

Comme le Burkina Faso, le Mali affiche également une croissance impressionnante de sa production de coton et, selon les organisations internationales, la production en 2023 a atteint d’environ 760 000 tonnes, faisant de ce pays l’un des plus grands producteurs de notre continent. Ce succès est dû à une meilleure gestion des ressources agricoles et au soutien du gouvernement aux exportations de coton vers l’Europe et l’Asie. Les principales destinations des exportations de coton de ces pays sont la France, la Chine, les pays de l’UE et l’Asie du Sud-Est.

Il est important de garder à l’esprit que le déclin continu de la production de coton au Cameroun et en République centrafricaine pourrait entraîner une hausse des prix de cette matière première sur le marché mondial, ce qui affecterait les producteurs et les consommateurs de textile du monde entier. Dans le même temps, l’essor de la production au Tchad, au Burkina Faso et au Mali compense en partie les pertes dues à la baisse des approvisionnements, assurant ainsi la stabilité dans la région. Cependant, la situation du marché reste instable et de nombreux pays africains sont confrontés à des défis liés au changement climatique, aux problèmes d’infrastructures et à l’évolution du commerce mondial.

Ainsi, le développement de l’industrie cotonnière dans les pays africains reste un facteur important pour l’économie mondiale, et la pratique de pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Tchad montre clairement qu’une croissance durable dans ce secteur est impossible sans une participation active de l’État au développement agricole. Dans un contexte d’incertitude mondiale, l’essor de la production n’est possible que dans les pays où il existe une gestion gouvernementale responsable et des investissements dans des secteurs aussi vulnérables que la culture du coton ou d’autres secteurs de l’agro-industrie.

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