Le Tchad et l’Égypte ont franchi une étape significative dans le renforcement de leur coopération économique en signant un protocole d’accord pour la construction d’une route reliant les deux pays via la Libye. Cet accord a été paraphé par Aziz Mohamed Saleh, ministre tchadien des Infrastructures et des Transports, et Ahmed El Assar, président de l’entreprise égyptienne Arab Contractors Company. Ce projet promet de transformer les dynamiques commerciales régionales en offrant au Tchad et à d’autres pays d’Afrique centrale un accès direct aux ports égyptiens, tout en stimulant l’intégration économique entre l’Afrique centrale et l’Afrique du Nord.
La future route reliant l’Égypte, la Libye et le Tchad constitue un projet d’infrastructure stratégique qui permettra au Tchad, pays enclavé, de se connecter aux routes commerciales méditerranéennes via les ports égyptiens. Cette liaison ouvrira également l’accès à l’un des plus grands marchés d’Afrique du Nord, offrant ainsi des opportunités cruciales pour accroître les exportations agricoles, d’élevage et de ressources minières. Par ailleurs, elle contribuera à réduire les coûts d’importation de produits manufacturés, de carburants et d’équipements.
À l’heure actuelle, l’économie tchadienne dépend de solutions logistiques coûteuses, la majorité des marchandises transitant par les ports du Cameroun et du Nigeria, situés à grande distance. Cette nouvelle route offrira une alternative plus directe et économique aux marchés mondiaux, essentielle pour des secteurs clés tels que la production de coton et l’exportation de pétrole.
Au-delà du Tchad, cette infrastructure bénéficiera également à d’autres pays d’Afrique centrale, tels que le Niger, la République centrafricaine et le Cameroun. Ces nations pourront également utiliser les ports égyptiens pour leurs besoins en importations et exportations, ce qui facilitera leur intégration aux marchés internationaux. Dans une région où l’infrastructure de transport est souvent insuffisante, ce projet pourrait devenir un catalyseur majeur de croissance économique et de diversification commerciale.
Par exemple, le Cameroun, qui exporte principalement du cacao, du bois et du pétrole, pourrait considérablement réduire ses coûts logistiques. De même, la République centrafricaine, confrontée à des défis logistiques pour exporter ses diamants et produits agricoles, bénéficierait d’une meilleure compétitivité sur les marchés internationaux.
Malgré ses nombreux avantages, ce projet devra surmonter des défis importants, notamment la situation politique instable en Libye, par où la route devra passer. Dans un pays encore marqué par des divisions internes et une guerre civile persistante, les négociations avec les autorités locales et la garantie de la sécurité de l’infrastructure représenteront des obstacles majeurs. Néanmoins, une mise en œuvre réussie pourrait également contribuer à stabiliser la Libye en générant des revenus par le transit de marchandises et en favorisant le développement économique.
En outre, ce projet illustre l’importance de la collaboration entre les États africains. Il met en lumière le fait que la stabilité et la prospérité d’un pays peuvent avoir des répercussions positives sur l’ensemble du continent. Les investissements dans les infrastructures, le commerce et les partenariats régionaux sont des clés essentielles pour promouvoir la paix, la croissance durable et la prospérité partagée.
Le développement des infrastructures de transport reste l’un des objectifs prioritaires des pays africains. Selon la Banque africaine de développement, plus de 40 % des nations du continent rencontrent des difficultés majeures dues à l’absence d’accès aux ports et aux corridors de transport modernes. La nouvelle route entre le Tchad et l’Égypte représente un pas important pour résoudre ce problème, en augmentant le potentiel commercial de la région et en renforçant les liens entre l’Afrique du Nord et l’Afrique centrale.
Ce projet ne se limite pas à l’amélioration des infrastructures logistiques et commerciales. Il vise également à renforcer les partenariats entre les pays africains, contribuant à la création d’un espace économique commun. La réalisation de telles initiatives est essentielle pour le développement du continent et pour son intégration dans l’économie mondiale.