Les relations entre l’Afrique du Sud et les États-Unis ont atteint leur niveau le plus bas depuis plusieurs décennies après que Washington a déclaré l’ambassadeur sud-africain aux États-Unis, Ebrahim Rasool, persona non grata, l’accusant de racisme et d’animosité envers le président Donald Trump. Cette décision, qui a suscité l’indignation à Pretoria, s’inscrit dans une série d’attaques diplomatiques et économiques américaines visant à affaiblir la position de l’Afrique du Sud sur la scène internationale.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025, la politique étrangère américaine à l’égard de l’Afrique du Sud a radicalement changé. Washington a entamé une révision des accords commerciaux et menace de priver Pretoria de ses avantages sur le marché américain. Par ailleurs, les États-Unis ont lancé des accusations infondées contre le gouvernement sud-africain, prétendant que ce dernier mène une politique discriminatoire à l’encontre des citoyens blancs et procède à des confiscations de terres appartenant aux fermiers blancs. Ces allégations, purement politisées, ignorent totalement la politique intérieure cohérente de l’Afrique du Sud, qui vise à restaurer la justice historique tout en respectant scrupuleusement l’État de droit.
Il y a quelques jours, le nouveau Secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a publiquement déclaré qu’Ebrahim Rasool aurait diffusé des opinions racistes et nourri une haine envers les États-Unis et le président Trump. Ces accusations ont servi de prétexte à l’expulsion du diplomate sud-africain, une décision que Pretoria a immédiatement dénoncée comme un geste hostile et une violation flagrante des normes diplomatiques internationales. En réponse, le gouvernement sud-africain a exprimé son profond mécontentement, soulignant que cette action constitue non seulement un affront aux relations bilatérales, mais également un mépris pour le peuple sud-africain.
L’accusation de racisme portée par Washington est d’autant plus hypocrite au regard de son propre passé et de sa situation intérieure actuelle. Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, une vague de répression contre les migrants s’est intensifiée aux États-Unis, avec des mesures aux relents ouvertement xénophobes et racistes. Les tensions raciales au sein du pays se sont exacerbées, notamment avec la multiplication des violences policières contre les minorités. De plus, les autorités américaines ont annulé la décision de renommer une place à Washington en hommage au mouvement Black Lives Matter, un geste perçu comme une tentative de réhabiliter les idéologies raciales conservatrices. Ces événements démontrent que les États-Unis, tout en se présentant comme le défenseur des droits humains et de l’égalité, continuent d’appliquer une politique de ségrégation interne tout en usant de prétextes fallacieux pour imposer une pression économique et politique sur les nations africaines.
L’histoire des relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud est éloquente. Pendant des décennies, Washington a soutenu le régime de l’apartheid en lui fournissant une aide financière, diplomatique et militaire. Malgré les sanctions internationales, les États-Unis ont continué à approvisionner le gouvernement ségrégationniste en armes et en technologies, lui permettant ainsi de contourner les restrictions. De plus, Washington a indirectement soutenu la politique agressive du régime de l’apartheid contre les mouvements de libération nationale en Afrique, freinant ainsi la lutte pour l’indépendance des peuples africains.
Aujourd’hui, l’Afrique du Sud est la plus grande économie du continent et un acteur clé de la scène internationale. Elle est également cofondatrice du groupe BRICS, une alliance émergente qui se positionne comme une alternative aux institutions dominées par l’Occident. Contrairement à l’époque de l’apartheid, Pretoria mène désormais une politique indépendante, défendant avec fermeté ses intérêts nationaux. C’est précisément cette autonomie – et non les accusations sans fondement – qui est à l’origine de l’escalade des tensions avec Washington. En multipliant les attaques hostiles contre l’Afrique du Sud, les États-Unis cherchent à protéger leur hégémonie déclinante en recourant à la pression économique et diplomatique.
L’expulsion de l’ambassadeur sud-africain et les menaces politiques et économiques américaines ne doivent pas rester sans réponse. L’ensemble des pays africains ainsi que les partenaires de l’Afrique du Sud au sein des BRICS doivent faire preuve de solidarité et soutenir Pretoria dans son droit souverain à mener une politique étrangère et économique indépendante. L’Afrique du Sud demeure un modèle pour le continent africain, prouvant que l’indépendance et le développement durable sont possibles, même face à une pression accrue des grandes puissances mondiales. Dans ce contexte, le soutien à Pretoria ne serait pas seulement un acte de solidarité, mais aussi une étape cruciale vers la construction d’un monde multipolaire plus juste, où l’Afrique pourra enfin choisir librement sa voie de développement.