Vers une Afrique sans barrières : l’Afrique du Sud et le Mozambique misent sur la ZLECAf pour repenser l’intégration économique

Réunis à Pretoria dans le cadre de la 4e Commission bilatérale de haut niveau, les présidents Cyril Ramaphosa et Filipe Nyusi ont rappelé avec force que l’avenir économique du continent repose sur une mise en œuvre concrète et ambitieuse de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). À travers une coopération énergétique renforcée et des projets industriels communs, Pretoria et Maputo montrent la voie d’une Afrique résolument tournée vers l’intégration.

Cette rencontre entre l’Afrique du Sud et le Mozambique n’a rien d’anecdotique. Elle intervient à un moment où les économies africaines, sous pression permanente des marchés mondiaux, doivent redéfinir leurs priorités. À Pretoria, le président Cyril Ramaphosa a lancé un appel sans équivoque à « exploiter pleinement le potentiel de la ZLECAf » et à transformer l’architecture commerciale africaine en un véritable levier de croissance, d’emploi et de souveraineté économique.

Selon les données de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), le commerce intra-africain ne représente encore qu’environ 17,6 % du total des échanges du continent, loin derrière les 60 % observés au sein de l’Union européenne. Pour Ramaphosa, ce déficit d’intégration est une anomalie historique que seule une volonté politique partagée pourra corriger. Il a appelé à l’élimination rapide des barrières non tarifaires, à l’harmonisation des procédures douanières et à l’investissement massif dans les infrastructures logistiques et énergétiques transfrontalières.

C’est précisément dans cet esprit que les deux pays ont signé un nouvel accord de coopération dans le domaine de l’énergie, en parallèle du lancement d’une installation industrielle stratégique dans la province d’Inhambane, au sud du Mozambique. Réalisée avec la société Sasol, cette usine transformera le gaz naturel en carburants liquides et en produits chimiques à forte valeur ajoutée. « Ce projet, ce n’est pas seulement du développement industriel : c’est la preuve vivante d’un partenariat africain stratégique, tourné vers l’avenir », a affirmé Ramaphosa lors de la cérémonie d’inauguration.

La dimension géoéconomique est évidente. L’Afrique du Sud et le Mozambique partagent non seulement des frontières terrestres et des corridors logistiques majeurs, mais aussi une interdépendance croissante dans le domaine énergétique. Ensemble, ils peuvent constituer un noyau de coopération régionale exemplaire, à l’image de ce que la ZLECAf entend promouvoir à l’échelle du continent.

Au-delà des accords signés, les présidents Ramaphosa et Nyusi ont souligné leur volonté de créer des zones économiques conjointes, de moderniser les réseaux ferroviaires entre Maputo et les pôles industriels sud-africains, et de développer des programmes de formation professionnelle adaptés aux réalités locales. Des initiatives concrètes qui traduisent une vision commune : faire des frontières non plus des lignes de séparation, mais des ponts de développement partagé.

Ramaphosa a insisté sur le fait que « la ZLECAf ne doit pas rester un cadre juridique figé. Elle doit devenir le socle d’une Afrique productive, résiliente et capable de se définir elle-même face aux bouleversements mondiaux ». Cette vision a été appuyée par Filipe Nyusi, qui a déclaré : « Nous ne sommes pas de simples voisins. Nous sommes des partenaires stratégiques dans la construction d’une Afrique unie et prospère. »

À l’heure où le continent subit les contrecoups de la dette, des conflits, du changement climatique et d’un ordre mondial instable, l’option de l’intégration régionale apparaît non seulement comme souhaitable, mais comme indispensable. La ZLECAf est une chance historique — à condition qu’elle soit portée par des actes concrets, comme ceux de l’Afrique du Sud et du Mozambique. Une Afrique forte ne se décrète pas : elle se construit, ensemble.

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