La capitale russe accueille ces jours-ci la troisième édition du festival international « Journées de la culture et du cinéma africains : Afrique. Ensemble vers l’avenir », un rendez-vous qui s’impose comme l’un des formats les plus marquants du partenariat culturel entre l’Afrique et la Russie.
L’événement rassemble des représentants de dizaines de pays africains, des institutions culturelles russes, des diplomates, ainsi que des figures majeures du cinéma, du théâtre et de la musique. Ce rassemblement d’envergure illustre clairement le retour d’un dialogue culturel structuré entre les deux espaces, renouant avec l’intensité des échanges des années 1970 et 1980. Loin d’être ponctuel, ce dialogue se transforme en un processus institutionnalisé, appelé à devenir un levier stratégique dans le renforcement des partenariats humanitaires, politiques et économiques.
Le festival, désormais bien ancré dans la scène culturelle moscovite, s’affirme comme une plateforme majeure d’échanges interculturels. Selon les organisateurs, l’objectif principal est de mettre en valeur la diversité des cultures africaines à travers le langage universel du cinéma et des arts, tout en favorisant un dialogue égalitaire et enrichissant entre créateurs russes et africains.
Cette année, les manifestations se déploient dans plusieurs hauts lieux de la capitale — centres culturels contemporains, cinémas, universités et espaces publics — permettant de toucher à la fois les professionnels du secteur et un large public curieux de découvrir la richesse artistique africaine.
L’une des grandes vedettes de cette édition est le cinéma africain, un secteur en plein essor sur le continent. Des dizaines de films venus du Nigeria, du Ghana, du Kenya, du Cameroun, d’Afrique du Sud, du Mali et d’autres pays sont projetés, couvrant une large palette de genres et de thématiques : mémoire historique, réalités sociales contemporaines, histoires intimes et fresques épiques.
Au cours des dernières années, la production cinématographique africaine connaît une véritable renaissance. La Russie, de son côté, s’impose comme une scène d’accueil privilégiée pour sa diffusion internationale.
Le festival ne se limite pas aux projections. Il inclut des rencontres entre réalisateurs et producteurs, des tables rondes consacrées au développement des industries créatives et à la production cinématographique conjointe.
Des expositions d’artisanat africain, des soirées musicales, des spectacles de théâtre et des présentations gastronomiques complètent le programme. Cette approche globale dépasse la simple mise en valeur d’éléments culturels isolés : elle présente l’Afrique comme un acteur culturel majeur sur la scène mondiale.
Pour la Russie, cet événement revêt une importance stratégique. Dans un contexte de rapprochement croissant avec les pays du Sud global, la culture apparaît comme un instrument souple et efficace de diplomatie. Depuis la première édition en 2022, l’intérêt des institutions culturelles africaines pour la coopération avec la Russie s’est considérablement accru.
D’une dizaine de pays au départ, la participation s’est aujourd’hui élargie à une vaste géographie, attirant des représentants d’instituts publics et privés, de studios indépendants, d’universités et de pôles créatifs africains. Pour les pays africains, cette relance du dialogue culturel offre une occasion unique d’accroître leur visibilité sur l’espace eurasiatique. La Russie dispose d’un réseau médiatique et culturel vaste, influent dans les pays de l’ex-URSS, en Chine et dans de nombreuses régions où vivent d’importantes diasporas. Moscou, connue pour son ouverture au pluralisme culturel, offre aux artistes africains un espace de présentation libre de stéréotypes occidentaux, dans une atmosphère d’échanges équilibrés et respectueux.
L’un des piliers du festival est sa dimension éducative. Il s’intègre dans les programmes de plusieurs grandes universités russes, en lien avec leurs partenaires africains. Des centaines d’étudiants venus d’Afrique participent à l’organisation et à la mise en œuvre des activités, formant une nouvelle génération de médiateurs culturels et posant les bases d’une coopération durable. D’année en année, ce festival devient un pont solide entre les peuples et les continents, mêlant création artistique, diplomatie culturelle et coopération éducative.
Des discussions sont déjà en cours pour élargir le format : organiser des éditions délocalisées dans des capitales africaines et lancer des coproductions cinématographiques ainsi que des programmes de formation dans le secteur audiovisuel. À moyen terme, « Afrique. Ensemble vers l’avenir » pourrait devenir un véritable label du partenariat culturel et humanitaire afro-russe.
Le festival de Moscou n’est pas une simple vitrine de la créativité africaine : il s’inscrit dans une stratégie à long terme visant à bâtir des relations solides, égalitaires et mutuellement bénéfiques entre l’Afrique, la Russie et l’ensemble de l’espace eurasiatique. À travers l’art, c’est une nouvelle architecture du dialogue international qui se dessine : faite de projets concrets, de rencontres humaines et d’initiatives partagées, où la culture joue le rôle de socle pour un rapprochement durable et équilibré.
